Année/Diffusion : 2016/tvN
Par : Park Hae Young, Song Hyun Wook
Durée : 18 épisodes
Oh Hae Young (Seo Hyun Jin) maudit son nom. Quand elle était au lycée, une autre fille plus jolie et populaire qu’elle (Jeon Hye Bin) portait le même, ce qui donnait lieu à beaucoup de malentendus malheureux et de comparaisons peu flatteuses. Mais ça ne l’a pas empêchée un fois adulte de trouver un bon job et un partenaire, et elle va bientôt épouser Han Tae Jin (Lee Jae Yoon), jeune entrepreneur plein d’avenir. Park Do Kyung (Eric Moon) est chef de production et bruiteur dans la boîte qu’il a monté avec son frère et ses amis. Perfectionniste et exigeant, il est craint mais respecté dans le métier. Il essaie tant bien que mal de se remettre d’une douloureuse rupture, et quand l’occasion de se venger se présente, il ne résiste pas. Ce qu’il ne sait pas, c’est que sa vengeance puérile va se retourner contre lui de manière spectaculaire, et changer pour toujours son destin et celui de Oh Hae Young.
Another Miss Oh, aussi connu sous son titre traduit du coréen Oh Hae Young Again, est un drama avec lequel j’ai eu plusieurs faux départs. Peut-être que je suis la seule à penser ça, mais je trouve que son pilote est son pire épisode, et plusieurs fois je ne suis pas arrivée à le terminer. Il mettait en scène essentiellement des gens agressifs entre eux et l’héroïne immature se faire pourrir par l’univers, et ça me dissuadait de poursuivre. Après avoir trouvé une énième fois le drama dans une top-liste des années après sa sortie, je me suis dis que ça valait la peine de lui donner une dernière chance, et je ne regrette pas : j’ai avalé toute la série en quelques jours (merci Netflix).
En fait je pense que j’avais besoin pour accrocher de comprendre pourquoi Hae Young se comporte comme ça, et il faut attendre le second épisode pour avoir une vraie réponse. L’adolescence est une période cruciale dans la vie d’une personne pour construire son identité, et notre héroïne a du la passer en étant chaque jour rappelée qu’elle est la Oh Hae Young banale, non désirée, moins jolie, moins brillante que l’autre. C’en est arrivé au point où elle ne prenait même plus la peine d’être la première en athlétisme, alors que c’était le seul domaine où elle était la meilleure.
En fait, on comprend qu’à un certain point lutter pour se faire une place est devenu tellement dur et humiliant pour la jeune fille, qu’elle a tout simplement arrêté d’essayer, et on comprend beaucoup mieux l’adulte vulnérable et vindicative qu’elle est devenue, une employée au fond très douée dans son métier mais qui ne se met jamais en valeur pour obtenir une promotion, et dont le complexe d’infériorité ressurgit dès que sa rivale pointe son nez. Lorsqu’elle a le cœur brisé par son fiancé, elle préfère cacher la vérité et noyer sa dépression dans l’alcool plutôt que d’affronter ses sentiments et la pitié des autres. Je me suis beaucoup attachée à cette héroïne, d’abord parce que Seo Hyun Jin fait un travail d’interprétation formidable, elle se livre corp et âme au rôle, et ensuite parce qu’il est vraiment bien écrit. Malgré tout ce que je viens de dire, Hae Young a une énergie du désespoir incroyable, elle ne fait rien à moitié, qu’elle soit en train de s’auto-détruire ou de se sortir du pétrin. Ce n’est pas un exemple à suivre, elle fait souvent des choix de vie très douteux voire dangereux, mais avec une force, une sincérité et une conviction qui en font une héroïne hors du commun.
En miroir nous avons Do Kyung, l’un des trois enfants Park qui ont été élevés par une mère toxique dans un environnement affreusement instable, et qui est actuellement comme son frère et sa sœur, un désastre émotionnel ambulant. Sa vengeance totalement disproportionnée non seulement manque sa cible, mais créé de nouvelles victimes collatérales qui n’avaient rien demandé. C’est difficile d’en dire plus sur l’histoire de Do Kyung sans dévoiler plus l’intrigue, mais on peut au moins préciser qu’en plus de ça il a des visions de son avenir avec Hae Young, qui vont lui servir de guide pour l’empêcher de commettre de nouvelles erreurs, et de vivre une vie basée sur la peur, la colère et les regrets. L’interprétation d’Eric Moon aurait pu être plus subtile parfois, mais en même temps il m’a beaucoup rappelé de vrais hommes introvertis qui n’arrivent tout simplement pas à exprimer leurs émotions, et qui ont l’air d’habiter plus souvent dans leur monde intérieur que dans le nôtre. J’ai beaucoup apprécié que le drama n’essaie pas de changer ce trait du personnage tout en challengeant ses comportements problématiques.
Hae Young l’extravertie et Do Kyung l’introverti n’ont pas du tout la même personnalité, leur couple se construit de manière assez désastreuse et avec beaucoup de ratés, et pourtant il fonctionne justement grâce à l’humanité des deux personnages, et leur empathie l’un pour l’autre. Do Kyung et Hae Young se rapprochent initialement grâce à leur expérience commune d’avoir été abandonnés brutalement, ensuite par la force des choses ils vivent quasiment ensemble et deviennent un soutien moral et une présence indispensable l’un pour l’autre, et enfin surmontent toutes les épreuves qui s’opposent à leur couple. Cette progression naturelle du couple le rend très attachant, et la merveilleuse alchimie entre les acteurs associée à une excellente direction de leurs scènes dédiées achèvent de rendre le tout délicieux.
Notre couple central est aussi #Relatable, Hae Young travaille pour une chaîne de restaurants et vient d’une famille de classe moyenne, Do Kyung est preneur de son/bruiteur de formation et vient d’une famille recomposée. On reconnaît bien dans leur écriture le courant de dramas romantiques adultes que j’ai découvert par le biais de dramas comme Soulmate. D’ailleurs comme dans Another Miss Oh il y a un brin de fantastique dans Soulmate (si vous vous souvenez le couple principal de ce drama se rapproche parce qu’un jour Dong Wook entend la voix de Soo Kyung dans sa tête), et comme dans Soulmate, le sujet d’Another Miss Oh est l’amour à travers différents couples (en marge du couple principal se développent deux autres couples secondaires attachants). Ne vous attendez pas à ce que soient beaucoup développés d’autres thèmes que l’amour et le couple d’ailleurs. Par exemple, j’ai été un peu frustrée que rien ne soit fait pour faire évoluer professionnellement notre héroïne, mais je pense qu’il faut accepter que ce n’est pas le sujet. J’ai eu un peu de mal à la fin avec ce parti pris, j’aime de plus en plus quand mes romances ne se concentrent pas exclusivement sur la vie amoureuse des protagonistes (en particulier des héroïnes : le message est problématique), mais quand l’histoire est aussi adorable et pleine de positivité (et ça vaut pour les couples secondaires), je suis toujours prête à faire une exception.
Sur la forme c’est un drama qui a clairement inspiré son réalisateur ; il met en scène avec poésie ses petits univers intimistes d’appartements mitoyens, de ruelles sombres sur lesquelles sont projetées les concerts d’un chanteur mélancolique, de champs de graminées soufflés par le vent, et de studio sombre d’enregistrement. C’est aussi un drama qui est sorti quand c’était la mode de prolonger les shows à succès, pour le meilleur mais aussi très souvent pour le pire, ou plutôt, le médiocre. Another Miss Oh s’en sort honorablement, ses épisodes 17 et 18 sont charmants et drôles (il y a une scène avec le personnage de Kim Ji Suk qui m’a fait mourir de rire), et concluent si joliment la série que je ne regrette pas du tout qu’ils aient été tournés malgré leur manque de matière.
En bref : Another Oh Hae Young est un drama qui mérite d’être redécouvert si comme moi vous étiez passé à côté lors de sa sortie en 2016. La scénariste Park Hae Young (eh oui, encore une Hae Young 😉 signe une nouvelle jolie réussite de sa carrière et se confirme comme un talent à suivre avec cette jolie romance comico-mélancolique.