Année/Network : 2018/OCN
Par : Kim Hong Sun, Seo Jae Won, Kwon So Ra
Durée : 16 épisodes
Yoon Hwa Pyung (Kim Dong Wook) est né dans une communauté de shamans installés sur la côte à l’écart du monde. Un jour il est possédé par un démon local sanguinaire, Park Il Do, et commet l’irréparable. Il parvient à se faire exorciser par des prêtres, mais le démon s’échappe et possède d’autres personnes. Des années plus tard, Hwa Pyung devenu chauffeur de taxi reste très déterminé à se venger du démon et à l’empêcher de nuire, et fait alliance avec deux autres jeunes gens qui ont tout perdu à cause de Park Il Do ; l’agente de police Kang Kil Young (Jung Eun Chae) et le prêtre Choi Yoon (Kim Jae Wook). Ils réussissent à traquer le démon mais Park Il Do a toujours une longueur d’avance, et surtout a bien réussi à cacher qui est “The Guest”, son hôte principal. Hantés par ce qu’il s’est passé il y a 20 ans, nos trois amis s’engagent dans une partie de cache-cache meurtrière contre un ennemi invisible, où les prédateurs risquent à tout moment de devenir des proies, et inversement…
The Guest ou “La Main” selon son titre originel (excellent au demeurant, évocateur d’une main qui vient attraper les gens depuis les profondeurs obscures) est un cas un peu à part de drama que j’ai regardé avant tout pour sa réalisation et son casting, et en dernier pour son écriture. Il faut parler un peu de Kim Hong Sun, le réalisateur. Révélé par Warrior Baek Dong Soo, autre drama qui n’aurait jamais marqué plus que cela les esprits si la réalisation n’avait pas été aussi bonne, il a montré à plusieurs reprises qu’il est l’un des réalisateurs d’action et suspense à suivre. C’est lui qui a dirigé l’adaptation remarquée de Liar Game, réalisé le tout premier VOICE décliné en pas moins de 3 saisons supplémentaires, tourné le film d’arts martiaux Age of Blood et a été choisi pour adapter la série espagnole Money Heist. Entre temps il a continué à prouver qu’il est capable d’élever un show par une excellente réalisation, et c’est définitivement le cas avec The Guest. Je ne dirais pas que l’écriture est mauvaise, il y a de bonnes idées et même les histoires secondaires de possession sont haletantes, mais elle est inégale, et c’est vraiment la réalisation qui m’a fascinée.
Une palette de couleur limitée et flamboyante rouge et bleue ultra classique mais efficace, une direction d’acteur qui n’a pas peur de les pousser au maximum sans tomber dans le cabotinage (les scènes d’exorcisme sont très réussies), des effets sonores bien glaçants, des chorégraphies de combats qui réussissent très bien à donner le sentiment que les possédés ont cette force surhumaine qui les rends si redoutables…j’avais envie de poursuivre principalement parce que chaque épisode est un spectacle, en prime porté par d’excellents acteurs. J’ai découvert le talent de Kim Dong Wook grâce à cette série, Kim Jae Wook est attachant en prêtre impeccable à la morale d’acier qui semble toujours au bord de l’effondrement physique et mental, et Jung Eun Chae apporte beaucoup de charisme à un personnage autrement sans grand intérêt (comme pas mal de séries d’actions, le drama a des personnages féminins très limités : maman/épouse, vipère psychopathe, et femme d’action écrite comme un homme). Un tel drama est aussi l’opportunité pour des acteurs jouant les personnages secondaires de s’éclater, et on retrouve avec plaisir des têtes connues comme Lee Won Jung et Park Ho San dans des rôles attachants et funs.
En parallèle comme je l’ai dis, l’écriture est beaucoup moins consistante. Par exemple, on passe le drama à attendre que certains personnages secondaires clés soient plus développés, pour qu’ils disparaissent à la fin de manière brutale sans véritable pay-off de leur arc. The Guest est aussi trop long, et aurait bénéficié du format plus court de 10/12 épisodes adopté plus récemment par OCN. 16 c’est trop, et on sent à la fin qu’ils sont à court d’idées, massacrent les personnages secondaires pour avoir du contenu, et tournent des scènes de pur remplissage. Les personnages passent aussi par beaucoup de moments de stupidité : personne ne va jamais au combat ni armé ni équipé de protections dans ce drama (Heureusement que Yoon est là avec son matos d’exorcisme !), les gens se font poignarder dans le ventre et retournent travailler le lendemain, Kil Young passe son temps à violer toutes les règles de procédure et de déontologie sans conséquences autres que des remontrances de son chef, et tous les chaud-froids à la fin sur Hwa Pyung (Possédé ? Pas possédé ? Possédé ?!) sont un peu lassants, même si leur pay-off à la fin est excellent. Je regrette aussi qu’ils n’aient pas résisté à lancer des pistes pour une suite, surtout que le projet “The Guest 2” annoncé m’a l’air bien parti pour ne jamais être tourné. Heureusement, la fin n’est que légèrement ouverte, et surtout assez satisfaisante pour ne rien regretter si jamais le projet tombe à l’eau.
En bref : Trop long pour son scénario et doté d’une écriture inégale, The Guest reste à voir pour son formidable casting et sa réalisation de haute volée. C’est un exemple de ce que la chaîne peut faire de mieux en terme d’horreur, action et suspense.