You Raise Me Up

Année/Network : 2021/WAVVE

Par : Kim Jang Han, Mo Ji Hye

Durée : 8 épisodes

Do Yong Shik (Yoon Shi Yoon) est le premier amour de Lee Ru Da (Hani). Au lycée le jeune garçon était le délégué de la classe sur qui tout le monde pouvait compter, et sur qui les filles craquaient. Contrariés par un accident qui les a séparé, les jeunes gens ont perdu contact. Depuis Ru Da est devenue urologue et sort avec Do Ji Hyuk (Park Ki Woong), un psychiatre arrogant qu’elle envisage de quitter après une énième guerre d’égos. Quand Ji Hyuk la met au défi de trouver un meilleur parti que lui, elle pense tout de suite à Yong Shik. Le problème c’est que de son côté Yong Shik a subit des coups durs, a travaillé comme un fou pour survivre et a échoué six fois à l’examen d’Etat. Solitaire, largué par sa dernière copine et tourné en dérision par la société qui le voit comme un looser, il a développé une anxiété terrible, et découvre avec horreur que ses troubles ont provoqué une dysfonction érectile. Sur les conseils d’une amie il consulte une urologue, et se retrouve face à fesse face avec Ru Da. Cette dernière le voit comme un challenge à relever : elle le soignera pour faire ravaler ses mots à un Ji Hyuk railleur.

Admettons-le en préambule : le scénario roule joyeusement sur tout bon-sens thérapeutique et règles d’éthique médicales, au point où chaque épisode devrait être précédé d’un avertissement “ne faites pas ça chez-vous en cabinet”. Je suppose que tous les Kill Me Heal Me, Heart to Heart & co ont augmenté ma tolérance à ce genre de nawak et ça ne m’a pas empêché de continuer, mais je voudrais quand même dire à quel point Ji Hyuk est un horrible psy et que les méthodes de Ru Da devraient la conduire direct en conseil de discipline. Je comprends pourquoi ils ont écrit les choses comme ça d’un point de vue dramaturgique, mais j’aimerais que plus de dramas avec des psys arrêtent de présenter des intrigues amoureuses patient/thérapeute (pour moi c’est aussi néfaste voir plus que les relations prof/élève), surtout les dramas comme celui-là qui veulent sensibiliser les gens à des troubles aussi délicats et intimes !

Bref, ce coup de gueule poussé, je dois admettre que j’ai adoré ce petit drama, l’ai avalé en deux fois, et quitté avec des papillons et des arcs en ciel dans les yeux. Autre confession : avant de le voir, je ne comprenais pas l’engouement pour Yoon Shi Yoon. Depuis qu’il a percé dans Baker King Kim Ta Gu en 2010, je ne l’avais vu que dans des projets qui m’ont laissée perplexe, ou au mieux indifférente (Me To! Flower, Flower Boy Next Door, Mirror of the Witch…) et je n’accrochais pas à son jeu nerveux et son petit air de chien battu. Je suppose que c’est l’un des gros avantages de faire une pause de Kdramas de plusieurs années : je suis beaucoup moins réticente à tester un drama avec un acteur avec qui j’ai eu un mauvais départ, comme le temps a passé et les souvenirs sont moins vifs. C’est comme ça que j’ai complètement redécouvert Kim Jae Wook en 2019, et maintenant Yoon Shi Yoon. C’est une vraie révélation, il habite son rôle avec tout son corps, donne à son personnage une déchirante vulnérabilité, et son interprétation des symptômes de troubles anxieux est bouleversante. C’est un plaisir de comprendre enfin ce que ses fans pouvaient lui trouver, et pour ça je remercie You Raise Me Up. Maintenant j’ai encore plus de dramas à ajouter à mon backlog ! Yay (?)

Mais revenons au drama. Au début je m’attendais à ce que ça soit une comédie légère, et j’avais un peu peur de potentiels gags gratuits sur l’impotence de Yong Shik, mais en fait pas du tout, le sujet est traité avec sensibilité, et l’humour n’est pas un humour facile et lâche qui tourne le héros en ridicule, c’est plutôt un humour facétieux qui nous fait des petits clins d’œil malins à l’aide de métaphores bien trouvées, et qui nous invite à l’empathie plus qu’à la dérision. J’ai été tout aussi étonnée et touchée par le ton des trois premiers épisodes, qui sont beaucoup plus tristes que ce que je pensais, précis et réalistes sur la réalité des traumas et d’un trouble généralisé de l’anxiété. C’est le genre d’histoire et d’interprétation d’acteur qui vous donnent envie de traverser l’écran pour réconforter le héros.

Face à Yoon Shi Yoon, Hani a un rôle compliqué : ils lui donnent cette position intenable de médecin, psy du héros et objet du désir des hommes autour d’elle, et tout bien considéré, je trouve qu’elle s’en sort bien. Si Yong Shik doit surmonter son angoisse et son manque de confiance en lui pour sortir avec elle, Ru Da doit surmonter son orgueil qui la pousse à se venger du dédain de Ji Hyuk en manipulant Yong Shik. J’aurais aimé que sa relation avec ce dernier ne soit pas enlisée dans cette thérapie mal intentionnée, mais je dois admettre que la manière dont elle lui vient en aide est touchante. Elle le fait de manière maladroite et égocentrique en se prenant pour le chevalier de Yong Shik, et apprends de ses erreurs. Elle peut être cruelle, de cette manière dont on peut tous l’être lorsqu’on croit bien faire. On comprends assez vite qu’au-delà de son égo mal placé, elle a un complexe du sauveur qui la pousse à intervenir même quand ce n’est pas approprié, et je pense que ce n’est pas un hasard si sa relation avec Yong Shik peut s’épanouir seulement quand il arrête d’être son patient et fait son chemin de son propre côté pour regagner confiance en lui. Ru Da finit par comprendre que le mieux qu’elle peut faire est de lui laisser de l’espace et l’initiative de venir vers elle. Même si j’aurais préféré qu’ils n’en n’aient pas fait une si mauvaise praticienne, au final j’étais convaincue par la progression de leur couple, et pour une romance c’est l’essentiel.

En fait l’impotence et la sexualité ne sont pas les thèmes principaux du drama, je dirais plutôt que c’est le piège de la comparaison avec les autres et de l’insatisfaction qui en découle qui est le vrai sujet. Après une petite intro symbolique et prémonitoire, le show s’ouvre sur Yong Shik qui nous expose sa vision du monde, où il classe les gens selon une échelle de réussite au bas de laquelle il se positionne. Là je trouve que le drama touche à quelque chose d’essentiel de l’humanité qui est de se comparer et d’être envieux et insatisfait, mais là où d’autres sont motivés par cette différence, Yong Shik fait partie de ceux qui s’en sentent découragés et invalidés, au point où ça met en échec sa libido. Sans en dire trop, je trouve que son trajet pour se sortir de cette vision du monde sonne juste, en particulier la fin que j’ai trouvé particulièrement belle dans ses nuances. Au lieu de confondre le bonheur avec des points, des rangs, la beauté et le prestige d’une partenaire ou des montants de salaire (comme Ji Hyuk et cet insupportable crypto-bro, qui se prennent pour le sel de la terre) Yong Shik est capable de voir ses qualités et de faire une force au lieu d’en avoir honte. Il y a aussi une histoire de goût de couleur qui est centrale dans le drama et qui illustre bien le parcours que je viens de décrire, mais je vous laisse le plaisir de la découvrir.

Sur la forme, c’est un drama au budget modeste, assez joliment tourné pour que ça n’affecte pas le plaisir du visionnage. J’ai bien aimé en particulier l’attention apportée au langage corporel des acteurs, en particulier ce que nous racontent leurs mains et leurs pieds, et apprécié que les scènes de préliminaires soient crédibles et pas esthétisées et affectées comme ça peut arriver dans tant de dramas, avec des acteurs qui se touchent comme s’ils étaient en porcelaine. La représentation du sexe est encore un tabou dans les Kdramas et je suis contente de voir la voir évoluer, grâce bien sur aux chaînes câblées qui ont été pionnières, et maintenant dans les webdramas. Mon seul véritable reproche sur la forme concerne la traduction officielle de VIKI : disons que j’ai eu souvent à réinterpréter les dialogues pour comprendre ce qu’il se passait, et boucher les trous quand ils n’étaient tout simplement pas traduits.

En bref : Malgré ses problèmes évoqués en préambule, je recommande à tous d’au moins essayer ce webdrama qui a été pour moi l’une des meilleures surprises de l’année. Il tire le maximum de son petit format et de son budget modeste pour aborder plusieurs sujets sensibles, et la belle performance de Yoon Shi Yoon lui donne une forte portée émotionnelle.

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