Happiness

Année/Network : 2021/tvN

Par : Ahn Gil Oh, Han Sang Woon

Durée : 12 épisodes

Yoon Sae Bom “Bom” (Han Hyo Joo) est la boussole de Jung Yi Hyun “Hyun” (Park Hyung Shik) depuis qu’elle est intervenue au lycée pour le dissuader de se jeter du toit. 12 ans plus tard ils sont resté amis, Bom a rejoint les forces anti-terroristes, tandis que Hyun est devenu policier au sein de la criminelle. Le Covid-19 a fait rage et commence tout juste à reculer, alors qu’une nouvelle pandémie pointe son nez sans que son origine soit bien comprise. Les malades guérissent des autres maux plus vite, mais développent une soif inextinguible pour le sang humain qui les pousse à attaquer les autres, à la manière d’hybrides entre zombie et vampire.  Bom est contaminée par un collègue, mais asymptomatique. Une fois sa quarantaine terminée, elle se retrouve avec du temps devant elle, et décide d’avancer vers son rêve : un appartement, qui sera accordé à un membre des forces de l’ordre méritant. Aidée par Hyun qui accepte de prétendre de l’épouser pour améliorer son dossier, et par le colonel Han Tae Seok (Jo Woo Jin) en charge de la crise qui négocie en échange sa coopération dans la recherche médicale d’une cure, elle emménage dans le bel immeuble “Le Ciel” flambant neuf. Hyun et Bom s’installent, mais bientôt la crise les rattrape, et ils auront du mal à déterminer si le danger vient du dehors ou du dedans, des malades ou de leurs voisins… 

Attention spoilers

La team derrière le hit d’OCN WATCHER se réunit à nouveau pour ce drôle de mélange de survival claustrophobique, de romance, d’action, d’horreur et de satire sociale upstairs/downstairs, le tout saupoudré d’une pointe de comédie, et ça fonctionne bien ! Han Hyo Joo et Park Hyung Shik ont une excellente alchimie et détonnent en derniers bastions du bon sens et des valeurs morales dans un appartement de luxe qui se transforme en véritable laboratoire à taille humaine, où le pire et le meilleur de chacun va ressortir. Une vingtaine de gens sont mis en quarantaine, du riche survivaliste préparé à toute éventualité, aux agents d’entretien qui n’ont pas de logement. Bien sûr ce ne serait pas drôle s’il n’y avait pas quelques personnes à deux visages dans le lot, et nos héros vont se retrouver à composer entre suspicion et paranoïa. Qui est potentiellement infecté et le cache ? Pourquoi leur voisin du dessus fait un tel boucan la nuit ? Quelles sont les intentions des gens qui veulent prendre la main dans la gestion de l’immeuble ? L’armée sera-t-elle une alliée ou une ennemie ?

Le danger est permanent, on ne sait jamais très bien de quel côté il va survenir, que ce soit via des humains contaminés ou sains, ou même via le gouvernement qui leur coupe l’énergie et les vivres, et tout cela créé un climat de tension palpable qui nous tient en haleine jusqu’à la fin. Détail amusant et original, le drama utilise le concept de beaucoup de comédies romantiques qui poussent deux personnages à cohabiter et à prétendre d’être mariés auprès des autres, et le recycle dans un contexte de pandémie zombie. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’une des meilleures romances de l’année se cache dans un tel projet, mais nous y voilà. 

Pour peu qu’on y fasse attention, Happiness est bourré de pistes de réflexion sur le bonheur, et plus particulièrement ce qui fait un “chez soi” heureux. La petite bulle formée par Bom, la petite Seo Yoon, Hyun, et le collègue de ce dernier est une famille recomposée qui devient pour chaque membre une source inestimable de confort et de soutien. Sans surprise ils s’en sortent le mieux, mais ne sont pas totalement à l’abri de divisions, notamment lorsqu’ils sont confrontés à l’angoisse de la séparation ou commencent à avoir peur d’eux-mêmes (Hyun). Cela renforce le sentiment permanent de fragilité et d’instabilité, même chez les individus les plus solides. On sent beaucoup l’impact du Covid-19 dans l’écriture de ce drama (crainte de la contamination par l’extérieur, dissimulation de ses symptômes, politiques d’enfermement, malaise psychologique), et c’est certain que le scénariste s’est inspiré des comportements des gens en réaction au COVID pour ses personnages, souvent frustrants mais très humains dans leurs réactions.

Quand on est coupé du reste du monde, quel sens prends le foyer ? On comprends que cette question est en lien avec la capacité des gens à résister à leurs symptômes ou à y céder, et on l’observe à travers les clivages entre ceux qui ont compris ce qui fait un foyer solide, ceux qui en ont perdu le sens, ceux qui sont incapables d’en constituer un, ceux qui confondent leur bonheur avec un foyer purement matériel…d’ailleurs je trouve assez brillant que la femme de ménage tout en bas de l’échelle sociale qui est invisible pour les autres connaisse le même destin que le propriétaire le plus riche de l’immeuble qui a le plus bel appartement et qui en a fait un bunker. Les deux personnages sont caractérisés par l’isolement, la première à cause des circonstances et de l’égoïsme de certains habitants, et le second par ses propres angoisses qui le poussent à rester cloitré en autarcie. 

C’est un peu bateau mais oui, le drama nous rappelle que la vraie richesse d’un foyer c’est les autres, même si l’enfer, c’est aussi les autres. Pour preuve on s’attache énormément aux personnages, même les plus pourris, et j’étais triste de les quitter à la fin. On retrouve aussi cette idée d’enfer social à travers les décors, puisque le drama est majoritairement un huis clos et en reprends habilement les codes (confrontation psychologique, débats, malaise, paranoïa, emprise/contrôle, remise en cause de la loi…). Personne ne doit sortir, personne ne doit rentrer. L’immeuble dont le nom “Le Ciel” évoque un petit paradis sur terre, objet de tous les rêves de Bom, devient vite un lieu hostile et instable, à la fois prison et bastion, où il est inquiétant de se réveiller le matin, où les murs sont tâchés de sang et où les règles sont réécrites tous les jours. Alors que tous ses habitants ou presque perdent la tête, Bom et Hyun prennent soin d’une petite fille vulnérable qui devient une motivation précieuse, et quand Seo Yoon peut s’en aller, ils se retrouvent face à face et ouvrent les yeux sur l’essentiel…

En bref : Plutôt optimiste pour un drama d’horreur, Happiness porte bien son titre et  nous offre du divertissement plein d’espoir malgré la violence, la maladie et la mort qui menacent en permanence ses protagonistes. C’est un drama “complet” : fun, bien écrit, bien tourné, bien ambiancé (l’OST est incroyable), bien joué, qui jongle avec plein de thèmes avec beaucoup d’adresse. Chapeau bas.

2 thoughts on “Happiness

  1. Ilumys

    Alors, ce drama me tentait car j’aimais bien les affiches, mais je n’avais aucune idée de quoi il parlait, et ton article me donne d’autant plus envie de le voir !

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